Punition : une fausse solution, un vrai problème ? ⚠️
Votre chien a détruit vos chaussures ? Votre chat a uriné sur le canapé ? Et vous avez peut-être, volontairement ou par réflexe : crié, grondé, isolé… voire, vous êtes dans certains cas allés plus loin.
Mais…est-ce que ça fonctionne ?
Et surtout : est-ce que c’est vraiment la bonne question à se poser ?
✨ 1. Pourquoi on punit (et pourquoi ça "semble" marcher)
L’humain a développé la notion de punition pour réprimer certains comportements jugés indésirables. Il s'agit d'une construction morale et sociale, basée sur des concepts très humains : le bien, le mal, la faute, la sanction.
On punit un enfant pour l’éduquer.
On punit un individu en société pour le dissuader de recommencer.
Mais voilà…pour les animaux, ces notions n’existent tout simplement pas. Un chat ou un chien n’a pas de repère moral, ne comprend pas la faute, la culpabilité, ou l’idée de mériter une sanction. Il agit en fonction de ses besoins, de ses expériences passées et de la manière dont son environnement y répond.
Alors pourquoi punit-on ? Souvent, par dépit. Par automatisme. Par frustration. Ou par manque d’information.
Parce que sur le moment… ça peut marcher. Crier, taper, isoler… et l’animal s’arrête. Il cesse ce qu’il était en train de faire. Il se fige. Il détourne le regard. Il fuit. Et ça donne l’impression que le message est passé.
Mais ce n’est qu’une illusion. Ce qu’on obtient, ce n’est pas un apprentissage. C’est un arrêt de comportement sous la contrainte. C’est un animal inhibé, stressé, voire apeuré, et non pas un animal qui a compris.
Et pourtant, on continue. Parce qu’on a été éduqué comme ça. Parce qu’on a vu ça chez les autres. Parce que, souvent, personne ne nous a montré qu’il existait une autre voie.
Mais ce qui est humain n’est pas toujours juste. Et ce qui est courant n’est pas forcément efficace.
❓ 2. Ce que l’animal comprend vraiment
Votre animal vit dans l’instant. Il ne connaît ni la morale, ni la culpabilité, ni les règles arbitraires de notre quotidien. Il ne sait pas que ce tapis était “neuf”, que ce coussin était “interdit” ou que la litière devait se trouver “là et pas ailleurs”.
Il agit parce qu’il ressent un besoin, une tension, une émotion. Parce que quelque chose dans son environnement le pousse à faire, à exprimer, à chercher une solution. Ce qu’on prend souvent pour une bêtise n’est, en réalité, qu’un comportement d’adaptation.
Alors quand on punit, que comprend il exactement ?
Pas ce que l’on croit. Il ne fait pas le lien avec l’acte qui l’a déclenchée. Il ne se dit pas “je suis puni parce que j’ai uriné sur le canapé”. Il perçoit seulement une chose : une agression, une perte de confiance, une incohérence.
Et s’il fuit lorsque vous découvrez les dégâts, ce n’est pas parce qu’il “sait qu’il a mal fait”, mais parce qu’il a appris à redouter votre ton, votre posture, votre visage tendu. Ce n’est pas une prise de conscience, c’est un conditionnement par la peur.
A long terme, la punition détruit plus qu’elle ne construit. Elle crée un climat d’incompréhension, de méfiance, de tension. Et toujours, une détérioration du lien humain-animal.
Elle ne permet pas d’apprendre, elle bloque la communication. Elle ne fait pas évoluer un comportement, elle le repousse, le déforme ou le déplace. Le stress généré par la punition ne disparaît pas : il se transforme. En léchages compulsifs. En éliminations hors litière. En conduites agressives. En isolement.
Autrement dit : la punition ne règle rien. Elle aggrave. Elle déstabilise. Et elle ajoute un mal-être à une situation qui, déjà, n’allait pas.
🧠 3. Une communication à sens unique
La phrase “corriger un comportement” suppose qu’il y a une erreur. Un bug. Un défaut chez l’animal.
Mais ce n’est pas le cas. Ce que l’on prend pour un problème n’est bien souvent qu’un comportement logique, cohérent, légitime… mais incompris par l’humain.
Quand un animal détruit, urine, grogne ou mordille, il ne cherche pas à vous provoquer. Il n’est ni dans l’opposition, ni dans la stratégie. Il communique à sa manière. Avec les moyens qu’il a. Un chat qui grimpe sur la table cherche peut-être une hauteur rassurante. Un chien qui saute, un contact. Un chaton qui mordille explore avec ses sens. Un animal qui se sert dans notre assiette à simplement faim. Aucun d’entre eux n’est “défectueux”.
Peut-être qu’il est frustré. Peut-être qu’il s’ennuie. Peut-être qu’il souffre. Et ce qu’on prend pour une faute est souvent un message – un appel à l’aide, une tentative de dire “je ne vais pas bien”, “je n’ai pas ce dont j’ai besoin”, ou “je ne comprends pas ce que tu veux de moi”.
La punition, dans ce contexte, revient à lui couper la parole. À faire taire ce qu’il exprime. On punit un comportement sans chercher à en comprendre la cause. Et ce faisant, on étouffe les signaux… mais pas le problème.
Un animal qui ne fait plus, ce n’est pas toujours un animal qui va mieux. C’est parfois un animal qui se tait parce qu’il a peur. Qui se fige parce qu’il a compris que quoi qu’il fasse, il sera réprimandé. Un chat qui urinait pour se rassurer va se sentir encore plus mal… et aura encore plus besoin d’uriner. Un chien qui détruisait par frustration ou isolement se sentira incompris, et redoublera de tension.
L’animal n’ose plus. Il ne sait plus. Il s’inhibe, ou bien il explose.
L’apprentissage, le vrai, ne se fait pas dans la contrainte. Il se fait dans la confiance, la cohérence et l’écoute.
La vraie question n’est donc pas : “comment lui faire passer l’envie ?”
Mais : “qu’est-ce qui le pousse à faire ça ?”
💢 4. Punir, c’est agresser
Crier, taper, enfermer, attraper par la peau du cou, mettre “le nez dedans”, faire des pichenettes, ou plaquer au sol : ce sont des gestes qu’on entend encore trop souvent.
Et pourtant, chacun d’eux est vécu comme une agression.
Aucune de ces méthodes n’existe dans la nature. Aucune n’est comprise, donc aucune n’est éducative.
La fameuse “peau du cou”, par exemple, est un mythe. La mère transporte ses petits ainsi, jusqu’à deux mois maximum. Ce n’est pas un acte de punition, mais un transport maternel, doux et adapté à leur poids. Reproduit par un humain adulte sur un animal plus lourd, ce geste devient brutal, effrayant, douloureux.
Quand le chat s’immobilise parce qu’on l’attrape par la peau du coup, c’est ce que l’on appelle la clipnose : Cela permettait à la mère de transporter ses chatons sans qu’ils se débattent. Mais chez un adulte, ce réflexe n’a plus lieu d’être.
Ce n’est pas de la soumission, ni du consentement. C’est un réflexe archaïque. Un corps qui se fige parce qu’il n’a pas le choix. Une immobilité forcée très inconfortable.
✅ 5. Une seule “punition” acceptable : le retrait d’attention
La seule forme de “rappel à l’ordre” qui soit éthique, compréhensible et réellement éducative, c’est de cesser l’interaction.
Prenons l’exemple d’un chaton qui mordille trop fort pendant un moment de jeu. Inutile de crier ou de taper. Ce qu’il veut, c’est interagir. La meilleure façon de lui faire comprendre que ce comportement n’est pas souhaitable, c’est de lui retirer ce qu’il recherche.
Un “Aïe” marqué, suivi d’un arrêt immédiat du contact, d’un retrait de la main, ou même de votre départ de la pièce pendant quelques minutes suffit souvent à créer une association claire.
C’est simple, sans violence, et infiniment plus efficace que n’importe quel cri ou punition.
🔚 En résumé : punir, ce n’est pas éduquer
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est sans doute que vous cherchez à mieux comprendre. À mieux faire. Et rien que pour ça, bravo. Parce que non, ce n’est pas évident. Parce qu’on ne nous a pas appris à faire autrement. Parce que la punition, on l’a vue, on l’a subie, on nous l’a vendue comme “normale”.
Rappelez vous que les comportements qui nous dérangent ont toujours une explication.
Et c’est ainsi qu’on agit : pas contre l’animal, mais avec lui.
📩 Si vous vous sentez bloqué, si la situation devient pesante, ou si vous avez simplement besoin d’un regard extérieur, je suis là pour vous aider.
Ensemble, on peut construire autre chose : Sans peur, sans cris, sans punitions.